La tour Montparnasse prépare sa métamorphose
Une nouvelle tour Montparnasse verra le jour à l'horizon 2024 : un projet de plus de 300 millions d'euros qui nécessitera qu'elle soit vidée de tous ses occupants.
SOURCE AFpC'est une petite révolution qui se prépare dans le 14e arrondissement de la capitale. Plus verte, transparente et « écolo », une nouvelle tour Montparnasse verra le jour à l'horizon 2024, signée par un trio d'agences d'architecture françaises, baptisé nouvelle AOM, qui métamorphosera le monolithe brun mal-aimé, un projet de plus de 300 millions d'euros. Au terme d'un concours d'architecture international lancé en juin 2016, les agences Chartier-Dalix, Franklin Azzi et Hardel et Le Bihan ont été sélectionnées pour réaliser ce vaste « lifting » du bâtiment, a indiqué ce mardi le syndicat des copropriétaires de l'Ensemble immobilier Tour Maine Montparnasse (EITMM). Les travaux, qui nécessiteront de vider la tour de bureaux de ses occupants, doivent débuter fin 2019 et durer environ quarante mois afin de s'achever « à temps pour les Jeux olympiques de 2024 », a déclaré à la presse Gilles Vuillemard, président de l'EITMM. « Nous allons créer une tour qui vivra 24 heures sur 24, avec un hôtel et des services qui pourront également être offerts aux Parisiens, afin qu'ils soient fiers de la tour et puissent se l'approprier avec de nouveaux usages », a-t-il expliqué.
Aujourd'hui sombre et enclavé dans une austère dalle de béton, le bâtiment inauguré en 1973 deviendra « clair, transparent, exemplaire au plan énergétique », a affirmé l'architecte Franklin Azzi, et pourra accueillir 12 000 personnes par jour, contre 6 000 aujourd'hui. « Ce sera une renaissance, et l'occasion de tourner la page de l'amiante », a expliqué, de son côté, Gilles Vuillemard. Si la fibre cancérigène a été retirée dans 90 % du bâtiment depuis 2006, il en subsiste dans les 10 % restants, des « parties inaccessibles de la tour, comme les joints de façade ». La tour comprendra notamment un hôtel sur 4 étages et une crèche. Au niveau du premier tiers, où seront logés la plupart des services (cafés, restaurants) destinés aux occupants des bureaux, un « jardin suspendu » à ciel ouvert donnera un aspect plus « vert » au bâtiment, renforcé par des balcons végétalisés à chaque étage.
« Bâtiment exemplaire »
Et aux 210 mètres qui font de la tour Montparnasse le plus haut édifice parisien s'ajouteront les 18 mètres d'un étage supplémentaire où seront logés une « serre agricole » et 850 mètres carrés de panneaux photovoltaïques. Ceux-ci fourniront « la moitié des besoins en éclairage artificiel » de la tour, a précisé l'ingénieur Raphaël Ménard, de la société Elioth. Grâce à une ventilation naturelle aux deux tiers et au réemploi des matériaux sur le chantier notamment, le bâtiment devrait être « exemplaire » au plan environnemental, a-t-il assuré, à la fois « à énergie positive et bas carbone ». Avec ces profonds changements, la consommation énergétique actuelle de la tour sera divisée par 10. Quelque 70 % des 40 000 mètres carrés de vitrages bruns existants seront réutilisés à l'intérieur de la tour afin de créer une paroi interne, sur toute la hauteur de la tour, accueillant de la signalétique - sur les 30 % restants, une partie sera concassée et finira dans des remblais sur le site. La tour sera élargie de 2 mètres à sa base et sur les 13 premiers étages, tandis que 4 patios « révéleront ses racines » en permettant à la lumière d'entrer au sous-sol. Ce projet, finaliste avec celui de l'américain Studio Gang, était à la fois le plus respectueux du patrimoine urbain existant et le plus ambitieux, a expliqué à des journalistes Jean-Louis Missika, adjoint à l'urbanisme et à l'architecture de la maire de Paris. « Grâce à lui, peut-être la grande majorité des Parisiens se mettront-ils à aimer la tour. » C'est aussi « la première étape d'une transformation plus complète du quartier Montparnasse », qui fait l'objet d'une concertation entre la Ville de Paris et les municipalités des 6e, 14e et 15e arrondissements, a précisé Jean-Louis Missika. Ce « lifting » de grande ampleur, d'un coût supérieur à 300 millions d'euros, sera financé par les 40 copropriétaires de la tour, dont les principaux sont LFPI (La Financière patrimoniale d'investissement), la mutuelle MGEN et les assureurs Covea et Axa. Une exposition, en accès libre du 20 septembre au 22 octobre au Pavillon de l'arsenal, permet aux Parisiens de découvrir le projet.